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Autour de Pont-Melvez
6 octobre 2014

Ici Prof n’est ni Simplet ni Grincheux !

Ici Prof n’est ni Simplet ni Grincheux !

Notre bon prof  prend sa plume son clavier pour répondre à un moinillon :

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Cher Neuneu ,

Merci de votre réponse .

Même si je ne crois plus à l'avenir du breton comme langue authentique de communication et d'expression unique d'une vision bien particulière des choses , je pense qu'il n'est pas inintéressant d'avoir une bonne initiation à ce système linguistique .
Mais se pose le problème de l'apprentissage de la langue puisqu'il apparaît bien que les structures d'enseignement franco-bretonnes ne forment pas des personnes bilingues car le bilinguisme est la possibilité de passer d'un système linguistique à un autre sans difficulté, de manière automatique et parfaitement naturelle .

Or , j'observe que les néo-bretonnants des écoles ne peuvent se revendiquer comme étant bilingues car, s'ils maîtrisent parfaitement la langue française qui est leur langue maternelle , ils restent bien limités dans l'expression d'un " breton " qui sent l'artifice à plein nez , dont la syntaxe est française, l'esprit français , la musique française , l'accent parigot .

Quant au vocabulaire , c'est l'indigence absolue . Et ils sont incapables d'user de l'étonnante faculté de la langue bretonne d'utiliser des images .

Une fois sortis de l'école, ou les néo-bretonnants s'empresseront d'oublier cette novlangue quand ils auront compris que , en matière de langue, ce n'est que ce qui est authentique qui importe , ou ils continueront à la pratiquer entre eux, en petits comités, en s'autocongratulant et se  persuadant qu'ils rendent un service culturel non négligeable à la Celtie quand il ne font qu'entretenir leurs fantasmes .

Bref : tout cela n'est pas bien réjouissant , et l'idéal bien entendu serait d'apprendre cette langue magnifique de la manière la plus naturelle qui soit, à savoir avec des bretonnants naturels . Or, il n'en reste presque plus , et dans trente ans ils seront tous pratiquement morts .

De plus, si quelqu'un apprenait le breton avec un vrai bretonnant et non un novlangueur , qu'en ferait-il puisqu'il devrait communiquer avec précisément des novlangueurs qui n'utiliseront pas la même façon de s'exprimer ?

Faut-il en conclure que echu eo an traou ( c'est fini ) ? Pour moi , certainement , puisque , je le répète , une langue n'a jamais été appelée à vivre éternellement et vient un jour où elle s'étiole et meurt pour une infinité de raisons .

Mais rien n'empêche de s'y intéresser ( comme je le fais ) dans une démarche archéologique , et si les structures d'enseignement style Diwan peuvent donner des outils à ce sujet, pourquoi pas, bien sûr, mais en étant honnête et en ne prétendant pas former des gens bilingues ( insupportable foutaise )  capables de s'exprimer dans un breton authentique alors qu'il n'est qu'artificiel .

Ce que je vais dire peut paraître choquant , mais je le pense : je considère le breton comme le latin que j'ai enseigné , à savoir une langue extraordinaire qui a beaucoup à nous apprendre , mais qui a fait son temps et qu'on ne peut pas considérer ( sauf si on est un prince de l'Eglise qui manie la langue de Cicéron comme nous le français ) comme un moyen naturel et authentique de communication .

Comparer le brezonek au latin , langue morte : voilà quelque chose qui mérite la lapidation que les ayatollahs de la breizopathie ne vont pas hésiter à provoquer contre moi . Qu'il en soit donc ainsi , mais je ne veux pas qu'on me balance des morceaux de granit dans la tronche : du schiste , du schiste, mallez an Dou , puisque c'est cette roche qui constitue le socle de cette partie du  Poher où je réside ...

Dernière chose : vous faisiez allusion à vos parents en vous interrogeant sur leur non transmission de la langue . On peut difficilement leur en vouloir puisque ce n'est évidemment pas leur faute ( et d'ailleurs : y a-t-il eu faute ? Eu égard au contexte , je ne le pense pas ) . De plus, ils étaient la composante d'un système qui avait mis en branle de longue date le processus de francisation inévitable dans une société en pleine mutation économique .

A bientôt le plaisir de vous relire .

 

Professeur de Guermon

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