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Autour de Pont-Melvez
1 octobre 2014

Imposture... (2)

 Imposture (2)

Il existe à la base un malentendu qui a été savamment exploité et qui est devenu le socle d'une imposture généralisée .

On a farci la tête des gens avec cette idée selon laquelle une langue serait la condition sine qua non de l'existence d'une nation, alors qu'elle n'en est que l'une des composantes .

En effet : les habitants du bloc sud-américain n'auraient -ils pas leur propres nationalités sous prétexte qu'ils

parlent castillan ou portugais ? Et les Américains sont des Anglais peut-être ? Et les Québécois qui parlent français , ne sont-ils pas bien Québécois ?

Ce malentendu a été consacré par la célèbre chanson d'Alan Stivell ( milieu des années 70 ) qui s'intitule Brezonek a raok et qui dit dans le refrain : Hep brezonek , Breiz ebet ( sans le breton pas de Bretagne ) .

Les esprits un tant soit peu éclairés et pas trop pollués par le discours des Breizopathes savent bien que cela est faux, d'autant plus faux que ces mêmes Breizopathes font le forcing pour une Bretagne à 5 départements, donc une Bretagne où l'immense majorité des habitants ne connaissent pas le breton et s'en foutent en plus complètement .

 Il faudrait donc, puisque dans l'esprit des Breizopathes , la Bretagne ne peut être que la Bretagne historique , que la population de la Roche-Bernard , par exemple, commune que je connais bien car c'est mon berceau familial , parle breton , car ils sont Bretons , non ?

Ce malentendu est devenu  imposture historique doublée d'une autre imposture, beaucoup plus grave .

Il s'agit d'une imposture linguistique détestable .

En effet, une langue est un système unique de l'expression d'une vision spécifique des choses .

Ce système est communication, bien sûr , mais également structure , avec un vocabulaire spécial, une syntaxe particulière , une musique  et une accentuation propres .

Or, rien ne m'énerve plus que d'entendre des néo-bretonnants affirmer avec aplomb qu'ils parlent breton quand ils ne font qu'ânonner une novlangue artificielle , un système de paroles creuses qui relève du hors-sol , autrement dit qui est coupé de la réalité .

Ces gens-là ne communiquent pas : ils revendiquent l'appartenance à une nation par le biais d'une langue qu'ils massacrent .

Leur novlangue est calquée sur la langue française , mais la richesse du vocabulaire en moins, car le leur souffre  d'une indigence totale .

La musique de leur novlangue est celle des flonflons bien franchouillards des bals-musettes .

Et l'accent qu'ils mettent dans l'expression ne sent même pas la banlieue parisienne , car c'est quand même trop

peuple , mais le salon des beaux quartiers de la capitale .

Bref : c'est de la totale imposture doublée d'un mépris pour la langue authentique parlée par les bretonnants de nais-

sance qui , eux , communiquent le plus simplement du monde sans faire de leur expression un outil nationaliste .

Les Breizopathes savent bien que le breton authentique va disparaître bientôt : les bretonnants de naissance

seront tous morts dans trente ans peut-être , et il y a une place à prendre . Or c'est sans vergogne que ces gens-là vont précisément occuper cette place , en prétendant qu'ils ont sauvé la langue alors qu'ils n'auront fait  qu'asseoir plus solidement un système aux enjeux qui n'ont rien à voir ni avec la langue et encore moins avec la culture, puisqu'il s'agit d'enjeux politiques et de pouvoir .

Cette occupation du terrain par cette novlangue artificielle est d'autant plus inconvenante qu'elle constitue une insulte supplémentaire aux authentiques bretonnants : on leur fait comprendre que ce qu'ils parlent est dépassé , alors que ces locuteurs sans trucage avaient connu la honte de ne pas parler le français ou de le parler mal .

Le comble de l'imposture est atteint quand ces gens-là prétendent être bilingues quand ils ne font que singer

lamentablement un système linguistique celtique d'une très grande richesse en copiant sans scrupules les structures d'un autre système appartenant aux langue romanes .  

Le bilinguisme n'est évidemment pas cela , car c'est la possibilité , acquise le plus souvent pendant la toute petite enfance , de passer ( et de penser ) d'une système linguistique à un autre sans les mélanger, un peu comme l'huile et le vinaigre qui restent séparés dans un flacon .

Et les Breizopathes mélangent les deux systèmes pour en faire un ersatz insipide et inodore , mais en respectant des proportions que les jacobins eux-mêmes n'auraient pas mieux rêvées : 90% de français et 10% de breton .

Quant à la population , je trouve très intéressant d'observer l'engouement des gens pour la sauvegarde du breton ( autrement dit de la novlangue ) .

J'ai commencé à m'intéresser à la culture bretonne en 1970 , autrement dit il y a presque 45 ans : cela mobilisait très peu de monde , et on était considéré comme des passéistes .

Maintenant, il est bien vu de dire qu'on est pour le breton, mais on oublie de préciser que , ce affirmant, on plaide pour la novlangue , autrement dit pour une soupe inconsistante et sans goût .
C'est bien la preuve que le bourrage de crâne a bien fonctionné , que les clichés identitaires sont efficaces ; et les élus , qui ne sont pas nécessairement des imbéciles , ont bien compris que, comme c'est dans
l'air du temps, il convient de lâcher du lest en mettant du vernis en breton par endroits ( signalisation routière , bâtiments administratifs ) pour calmer les esprits et faire croire qu'ils s'intéressent à la langue .

Or, le discours breizopathe officiel est que la langue bretonne a été - et continue de l'être - opprimé par le pouvoir jacobin en place, alors que la majorité des élus ou s'en foutent ou ne voient pas du tout l'intérêt de cultiver les fantasmes des partisans de la novlangue car ils ont compris de longue date que la vraie langue est entrée en agonie dans la mesure où , comme toutes les langues de toutes les cultures du monde et de toutes les époques , une langue est un outil qui a une durée de vie limité ,qui est appelé à s'éteindre car il a été absorbé ou remplacé par quelques chose de plus performant et correspondant davantage aux préoccupations socio-économico-culturelles du moment .

Mais dire cela est très incorrect politiquement : c'est pour cela que plijadur ' meus de lar an dra-se .

 Professeur de Guermon 

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Commentaires
N
cher François, cela ne répond pas à ma question...
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N
Cher professeur, l'analyse est excellente tout comme le 1er propos posté sur ce modeste blog, personne ne vous con testera que Rennes et Nantes n'ont jamais été bretonnantes. Moi j'ai mon cas de conscience personnel à vous exposer (ne vous inquiétez pas , ça ne m'empêche pas de dormir et je n'attend pas de vous, une analyse psycholoqique à la Gérard Miller!!!):<br /> <br /> je suis le fils de 2 bretonnants de naissance qui apprirent la langue française à l'école (le seul mot français que mon père connaissait à 6ans c'était "crapaud", belle allusion à Pagnole quand même). Mon père était dans le "privé de racaille, je me comprend" et ma mère" à l'école du diable" (4 ans de différence entre eux). Mon père eu à souffrir le symbole et bizarrement pas ma mère.<br /> <br /> J'ai aujourd'hui 3 enfants (dont je suis très fier), mes parents (bretonnants donc) auraient pu nous élever dans l'autre langue nationale, mais pour toutes les raisons que vous évoquez cela n'a pas été fait. Je suis comme Servat devant Angela Duval, Je suis comme le petit chien, je comprends mais je ne parle pas.<br /> <br /> A qui la faute, je ne pense pas pouvoir en vouloir à mes vieux, mais je suis actuellement en position de faire un choix pour mes enfants, l'offre bilingue est possible aujourd'hui (alors qu'a mes 6 ans, cela n'existait pas), Diwan (militant), dihun (militant mais catho!!) et la bonne vieille communale mais là pas de breton.<br /> <br /> Certains militants de 1940 ont voulu faire une synthèse de la langue, c'est ce que vous appelez novlangue et je ne vous le reproche pas, dans les grandes lignes, je suis d'accord avec vous, vous serez aussi d'accord( je pense ) que le bilinguisme à 6 ans ne les gènera pas plus tard. Je suis d'une génération qui peut, un tant soit peu, réparer. <br /> <br /> Alors voici ma question, à ma place, que feriez vous...<br /> <br /> Le Neuneu de ce modeste Blog du moine rouge sans bonnet
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