Nounou d'enfer ?
Nounou d’enfer ?
L’autre jour un militant natio causait dans un troquet non loin de Pont-Melvez
Il évoquait le sort de son arrière grand-mère qui avait été « obligée de partir nourrice à Paris »
L’hurluberlu, parlait quasiment d’esclavage de la pauvre bécassine
Mais il ignorait que contrairement à d’autres la nourrice pouvait avoir un sort bien plus enviable que d’autres bonnes à tout faire…
Il y avait deux sortes de nourrices soit à domicile chez elle à la campagne, soit hébergées en ville chez les parents du bébé.
Contrairement à ce que dit l’autre crétin la situation de la nounou dans les familles bourgeoises ou nobles était bien loin de l’esclavages
En effet il fallait à tout prix protéger l’héritier de la famille…
Pas de l’ait de vache ou de chèvre, car la croyance était que le pauvre petit pourrait lui concéder une forme de bestialité !
Donc mieux valait le confier à une femme payée pour allaiter, souvent des recruteuses appelées « recommanderesses » étaient chargées de trouver une bonne nounou .
Dès 1715 la fonction de « recommanderesse » est réglementée et un Grand Bureau des nourrices est créé..
Le « client » veut un lait de qualité, alors on voit fleurir dans les campagnes des certificats de bonne moralité et de bonne santé délivrés par des maires, des curés, des médecins…
La pauvre fille qui n’a jamais quittée sa campagne débarque alors dans un bel appartement bourgeois
Contrairement à la cuisinière ou la bonne, la nounou a un statut bien meilleur
Elle dispose d’une belle garde-robe car la nounou se doit d’être belle, plus de sabots pour la « princesse »
Contrairement aux autres domestiques logés sous les combles, la nourrice a une belle chambre au même étage que les maîtres de maison.
Plus de pain noir, plus de bouillie d'avoine, elle mange à l’office, parfois à la table des patrons
Elle mange régulièrement de la viande, souvent c’est elle qui est qui choisit le meilleur morceau !
La paye est bonne, et on lui fait régulièrement des cadeaux.
Elle suit aussi ses maître en vacances aux bains de mer
Au 19ème siècle A. Daudet raconte les ruses de certaines nourrices et de sa famille restée au village.
Elle reçoit des lettres du village un jour, le cheval est mort, une autre fois c’est la grêle qui a détruit la récolte, le mois suivant le père est malade…
Alors Nounou pleure… Bébé en fait autant
Le lait va devenir impur…
Une seule solution pour que tout rentre dans l’ordre, c’est le mandat-postal, pour la pauvre famille.
On appelait « maison de lait » ou « champ de lait » certain biens construits ou achetés avec le pognon de la nounou
C’était souvent les maîtres devenaient de véritables « vaches à lait »
Parole de moine