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Autour de Pont-Melvez
12 novembre 2015

11 novembre

11 novembre...

Avec sa gueule moche la mort s'est rappelée à nous au cours des cérémonies.

Alors pour ceux qui ne le connaissent pas ce texte de Jean Zay datant de 1924 :

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Le drapeau

Ils sont quinze cent mille qui sont morts pour cette saloperie-là. Quinze cent mille dans mon pays, Quinze millions dans tous les pays. Quinze cent mille morts, mon Dieu ! Quinze cent mille hommes morts pour cette saloperie tricolore… Quinze cent mille dont chacun avait une mère, une maîtresse, Des enfants, une maison, une vie un espoir, un cœur… Qu’est ce que c’est que cette loque pour laquelle ils sont morts ? Quinze cent mille morts, mon Dieu ! Quinze cent mille morts pour cette saloperie. Quinze cent mille éventrés, déchiquetés, Anéantis dans le fumier d’un champ de bataille, Quinze cent mille qui n’entendront plus JAMAIS, Que leurs amours ne reverront plus JAMAIS. Quinze cent mille pourris dans quelques cimetières Sans planches et sans prières… Est-ce que vous ne voyez pas comme ils étaient beaux, résolus, heureux De vivre, comme leurs regards brillaient, comme leurs femmes les aimaient ? Ils ne sont plus que des pourritures… Pour cette immonde petite guenille ! Terrible morceau de drap coulé à ta hampe, je te hais férocement, Oui, je te hais dans l’âme, je te hais pour toutes les misères que tu représentes Pour le sang frais, le sang humain aux odeurs âpres qui gicle sous tes plis Je te hais au nom des squelettes… Ils étaient Quinze cent mille Je te hais pour tous ceux qui te saluent, Je te hais à cause des peigne-culs, des couillons, des putains, Qui traînent dans la boue leur chapeau devant ton ombre, Je hais en toi toute la vieille oppression séculaire, le dieu bestial, Le défi aux hommes que nous ne savons pas être. Je hais tes sales couleurs, le rouge de leur sang, le sang bleu que tu voles au ciel, Le blanc livide de tes remords.

Laisse-moi, ignoble symbole, pleurer tout seul, pleurer à grand coup Les quinze cent mille jeunes hommes qui sont morts. Et n’oublie pas, malgré tes généraux, ton fer doré et tes victoires, Que tu es pour moi de la race vile des torche-culs.

Jean Zay, 1924.

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