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Autour de Pont-Melvez
28 septembre 2015

Quel cinoche !

Quel cinoche !

J'ai assisté lundi soir dernier à la présentation du nouveau documentaire du cinéaste Philippe Guilloux intitulé D'ar ger ( à la maison ) et consacré à la manière dont les Bretons d'ici ont vécu la Grande Guerre .

Philippe Guilloux avait il y a quatre ans réalisé Glenmor l'éveilleur qui avait provoqué la colère des nationalistes car le cinéaste , honnête intellectuellement , avait montré que le grand homme avait également de sacrés défauts .

Mais les identitaires ne supportent pas qu'on fasse de l'ombre aux icônes .

J'ai trouvé D'ar ger intéressant , d'autant plus que le réalisateur a fait intervenir des historiens et notamment Jean-Yves Broudic , frère du journaliste Fanch , sociologue et psychanalyste , présent lors de la présentation du film .

Ce dernier a notamment écrit en 2008 Suicide et alcoolisme en Bretagne au XXè siècle , remarquable étude sur ces deux phénomènes douloureux chez nous .

Le débat qui a suivi la projection du nouveau documentaire de Philippe Guilloux a permis de faire allusion à trois  aspects concernant notre territoire et que les nationalistes ont toujours exploités à leur avantage en tordant le cou à la réalité .

Le mythe des 240 000 morts bretons pendant la Grande Guerre : il y a quelques années , à l'occasion de l'ouverture du Salon du livre en Bretagne à Carhaix , Christian Troadec , maire de cette commune et bien connu pour ses positions identitaires , répétait ce chiffre avec insistance . Or , les historiens sérieux savent bien que le nombre maximum de Bretons tués pendant le conflit de 14-18 est de 130 000 . Faut-il rappeler que Christian Troadec est historien de formation et qu'il a exercé la profession de journaliste pendant des années ? La moindre des choses aurait donc été de vérifier ses sources au lieu de se faire l'écho d'une propagande nationaliste utilisée pour essayer de prouver que la France perverse a délibérément voulu saigner l'Armorique .

Philippe Guilloux a aussi parlé de Fransez Laurent* , un soldat de Mellionnec qu'on avait fusillé .

Les nationalistes ont toujours affirmé que ce pauvre Fransez fut victime de sa méconnaissance de la langue française et qu'on l'aurait, à la limite , pris pour un ennemi car " il disait ya comme les Boches  " . ( Voir à ce sujet la chanson des années 70 de Gweltaz Ar Fur qui , de sa voix chevrotante , tentait de nous arracher des larmes avec ce drame ) . Or , Fransez Laurent ne fut pas fusillé parce qu'il ne pouvait pas assurer sa défense dans une langue qu'il ne maîtrisait pas mais parce qu'il avait été accusé de s'être volontairement mutilé un doigt pour être réformé ...

Enfin , Jean-Yves Broudic a évoqué la disparition de la langue bretonne , en montrant bien que  si les mutations socio-économiques ont eu un impact évidemment important , il ne faut pas négliger l'effrayant traumatisme psychologique vécu par une population qui aura connu le pire : énormément de morts , des grands blessés de guerre , des défunts qu'on ne peut pas honorer de manière traditionnelle car leurs cadavres sont restés sur le terrain , ce que le psychanalyste appelle le corps absent . Et ce traumatisme , pour Jean-Yves Broudic , s'est surtout répercuté à la génération suivante , car celle qui avait vécu la Grande Guerre a été tellement démolie psychologiquement qu'il lui aurait été quasiment impossible d'exprimer l'indicible dans la langue maternelle, langue des sentiments par excellence , et qu'il lui fallait passer par un autre moyen de communication, autrement dit le français qui s'imposait peu à peu , d'où l'abandon de la langue habituelle .

On est loin ici de la France perverse faisant tout ce qu'elle peut pour exterminer une langue qui n'est pas celle de Molière ...

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Vous  remarquerez que je n'ai point dit de méchancetés sur Angela Duval , en écrivant par exemple qu'elle était lesbienne et menait une double vie : celle de la paysanne-poète pauvre et attachée à sa terre , et l'autre de cocotte s'affichant avec les personnages parisiens les plus scandaleux  de l'époque , ce qui explique ses absences régulières de Traon an Dour qu'elle légitimait  par des moments de retraite dans de pieuses maisons . Tu parles !

 Prof De Guermont.

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*PS : On peut noter que chaque 11 Novembre un hommage est rendu à François Laurent et à sa famille à Méllionnec

Nos « natios » évidemment ne viennent jamais.

Sur « 7 » un certain Lécuyer directeur du site s’étonnait même qu’il n’y avait pas de contre manif !!!

Triste monde

Le bon moine.

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