Verba volant , manent scripta
: vous connaissez suffisamment le latin pour que je ne vous fasse pas
l'insulte de traduire cet adage bien connu .
Les bonnes âmes qui se scandalisent des sorties fracassantes de Laurent Wauquiez me semblent être
de beaux hypocrites . Ce type , qui ne m'inspire aucune confiance , a parfaitement compris que , si
les écrits restent , les paroles s'envolent mais que , avant de disparaître avec le vent , elles ont lar-
gement le temps de faire leur effet , de déstabiliser, de faire parler , de faire hurler , de provoquer
des levers de boucliers , de mettre en un mot sur la scène celui qui les a proférées .
A la limite : qu'est-ce que cela peut foutre ce qu'il raconte ce Wauquiez puisque l'essentiel est qu'on
parle de lui , en bien ou en mal peu importe , et que l'on retienne qu'il a utilisé le parler vrai , fatale-
ment musclé et excessif , et non les paroles feutrées et bien tartuffes qu'on entend partout ?
On se souvient davantage du " merde " de Cambronne à Waterloo le 18 juin 1815 que du discours de
politique générale du 4 juillet 2017 d'Edouard Philippe , non ?
On se souviendra longtemps de l'ignoble " Durafour crématoire " de Jean-Marie Le Pen qui ne conssti-
tue pas un dérapage mais bien une sortie verbale bien préparée et aux objectifs précis .
Je n'aime pas spécialement Wauquiez mais je lui reconnais un talent certain en matière de commu-
nication orale .
La preuve que ce qu'il a sorti est une tempête dans un verre d'eau : d'ici un à deux jours plus person-
ne ne parlera plus des paroles de Wauquiez . Par contre , si je me tape sur un doigt avec un marteau ,
rate mon train ou me rends compte que j'ai oublié de prendre ma carte bancaire au moment de prendre
de l'essence ,j'utiliserai un mot qui dépasse le temps et qui m'évoquera forcément le général Cambronne
qui reste en vie par la force d'un seul terme .
Prof De Guermont