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Autour de Pont-Melvez
14 octobre 2017

Ces feignasses de fonctionnaires

Ces feignasses de fonctionnaires
Je sais que vous savez, mais la prochaine fois que vous entendez parler de ces feignasses de fonctionnaires (terme et idée très répandue dans la société, depuis au moins Claude Allègre, merci vieux con - PS, qui cela étonne-t-il ?), merci de leur sortir ce texte, écrit par l'amie d'une copine.
Je pense en écrire un du même tonneau sur l'Education nationale : c'est moins visible, la vie immédiate (et biologique) de nos élèves n'en dépend pas, mais on en sacrifie aussi un paquet en termes d'avenir, surtout dans l'enseignement professionnel. Et des profs qui font des burn-out et se suicident, il y en a aussi beaucoup trop.
Le pire, c'est que même des élèves de milieux très modestes dans mes classes ont ce discours qu'ils entendent dans leur famille, à force de lavage de cerveaux médiatique.
(Je vous fais suivre un autre article plus drôle, tout de suite)
Soeur Olympe
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Hé vous avez vu il y a encore ces feignants de fonctionnaires qui manifestent! Pour leurs salaires, leurs conditions de travail, les réductions de postes, tout ça , tout ça...Ces cons!

Je suis infirmière depuis 5 ans maintenant , je suis payée 1650 euros par mois. Je suis fonctionnaire, titulaire. Vos impôts servent à me payer 1650 euros par mois depuis 5 ans ,et serviront à me payer cette somme et même plus, surement tout au long de ma longue carrière. 
Mais vous savez quoi? Je suis fière que vos impôts servent à payer mon salaire. Grâce à cela, grâce à vous, depuis 5 ans, j'ai pu

- Réanimer un patient à même le sol dans les toilettes d'un restaurant
-M’occuper de plus de 80 résidents dans une maison de retraite, seule infirmière le week-end en pleine épidémie de gastro. 
-Répondre inlassablement aux mêmes questions d'une patiente Alzheimer , tous les matins, avec le même entrain et le même sourire
- Panser des plaies purulentes , prendre soins de personnes souillées par des excréments, tenir les cheveux à une jeune fille qui vomissait, être recouverte de sang, d'urine. 
- Tenir la main d'un père de famille mourant d'un cancer à 45 ans, et tenir dans mes bras sa femme et ses enfants de 3 et 5 ans, une fois parti. Les aider à choisir ses habits pour l'enterrement.
- J'ai accueilli des patients angoissés, fous, délirants, déprimés, suicidaires, et leur famille en entretien d'accueil. J'ai entendu parlé de viol, de mort, d'envie de mourir, de souffrance, j'ai entendu le cerveau qui lâche et le corps qui hurle. 
- Je me suis occupée d'un jeune homme mourant de 23 ans quand j'en avait 25, avec sa mère infirmière dans la chambre qui n'était pas dupe du peu de chances qui restaient à son fils. J'ai mis plus de dix minutes à préparer une perfusion qui d'habitude se préparait en deux, avant de rentrer dans sa chambre. J'ai prié pour qu'une autre personne puisse prendre le relais car j'étais terrassée par leur souffrance et l’injustice qui leur était faite. 
- J'ai négocié pendant 30 minutes pour qu'un monsieur dément prenne ses médicaments, j'ai fait rire un enfant terrorisé par un vaccin, j'ai expliqué que "Non monsieur, ne pas avoir fait vos besoins depuis une journée n'est pas un motif d'hospitalisation en urgence à 4h du matin".

J'en ai pleuré, j'en ai rit. Grâce à vous et aux 1650 euros. En contrepartie je suis allée travailler :

- Le samedi, le dimanche, la nuit là Noël, au jour de l'An, durant Pâques, mon anniversaire, celui de mes neveux et nièces. 
-Je suis partie à 5h du matin , rentrée à plus de 22h, repartie en astreinte en plein milieu de la nuit, avec une otite et une fièvre à plus de 39°.

Cela fait cinq ans que j'entends les institutions autant bien privée que publique, m'expliquer que je ne suis pas rentable, que je coûte de l'argent à la société, donc à vous.

On m'a demandé d'utiliser moins de compresses pour faire mes pansements car cela coûtait de l'argent. On m'a refusé des formations car cela coûtait de l'argent. On a supprimé des postes de mes collègues aides-soignantes car elles coutaient de l’argent. On m'a demandé de dépointer car je coûtait de l'argent, faisant des heures supplémentaires pour présenter mes condoléances à une famille.

Et vu que nous soignants de toutes professions, nous sommes très forts pour avoir un côté sacrificiel, pour culpabiliser, pour courber l'échine, pour fermer nos gueules, ben il y a certains de mes collègues, qui pensent que c'est leur faute si ils n'arrivent pas à tenir la cadence, si ils soignent mal les patients dont ils sont responsables,si ils sont fatigués , déprimés, si ils ont fait une connerie à cause de cette fatigue.

Puis un soignant qui culpabilise, qui est fatigué, qui déprime, il y en a plein en ce moments. Il y en a même , il parait, qui se pendent, qui sautent du huitième étage d'un hôpital, qui prennent des médocs au dosage formellement contre-indiqué. C'est drôle de voir des faignants mettre autant de cœur à l'ouvrage pour se flinguer, non?

Alors oui, je suis fière d'être payée par vous, de coûter à la société que vous êtes. Aucune administration ne me fera culpabiliser de ce qu'elle me paye. Je suis une professionnelle, une personne utile aux autres. Je suis une fonctionnaire qui ne culpabilisera jamais de l'être et qui en est fière. Relevez la tête mes collègues, sinon on la perdra

 

 

 

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