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Autour de Pont-Melvez
4 septembre 2017

Vive la rentrée

Vive la rentrée

On nous le rabâche suffisamment ces temps-ci : l'Etat doit faire des économies tous azimuts - pour permettre aux très riches de se faire encore plus de pognon, mais ça, il ne faut pas le dire, c'est du mauvais esprit. Donc parmi les mesures décrétées, pas un centime d'augmentation pour les profs, pour la septième année consécutive (il faut savoir que depuis trois ans, le salaire des profs ne fait pas que stagner : il baisse en chiffres réels chaque 1er janvier à cause de l'augmentation des prélèvements, et cela va se poursuivre).
 
Par contre, l'Etat a trouvé l'argent ( un milliard d'euros, excusez du peu ) pour procéder à la numérisation de l'éducation à marche forcée : les contrats passés entre l'Education nationale et Microsoft vont enrichir cette entreprise, sans que le niveau des élèves s'en trouve amélioré ; rappelons ici que les grands patrons de ces boîtes qui fourguent leur camelote dès qu'elles le peuvent ( Google et Microsoft notamment ) se gardent bien d'en faire "profiter" leurs mouflets : ils font au contraire très attention de les inscrire dans les écoles qui n'utilisent surtout pas de numérique.
C'est quand qu'on se réveille, les fadas du tout numérique ?
 
On a le droit de penser que les élèves vont enfin s'amuser en cours : le numérique c'est plus fun , et pis c'est moderne, il faut bien les préparer au monde de demain, ces chers bambins ...
Sauf que ces bambins pourraient bien payer très cher cette lubie numérique, plus tard. Depuis deux ans maintenant, plus aucun établissement scolaire du secondaire ne dispose de bulletins de notes en papier. Idem pour ce qui est des simples relevés de notes, des appréciations sur les élèves, des absences et retards en cours, et même des livrets scolaires : les professeurs n'ont plus d'autre choix que de remplir tout cela sur un machin nommé Pronotes, sur Internet
Et tout les naïfs de s'extasier (les parents d'élèves les premiers) : c'est-y pas génial ? Maintenant ils peuvent se connecter à Pronotes de n'importe où, même des chiottes avec leurs téléphones portables - pardon : smart phones  - pour vérifier en temps réel (en temps réel, vous dis-je : le bonheur absolu ! ) si leur progéniture est bien en cours ou notée absente, ou en retard ! Ce qui permet à des parents d'élèves qui ont légalement l'âge de travailler (16 ans) , ou même de voter à 18 , de garder le nez dans les culottes de leurs rejetons pour les surveiller à distance même lorsqu'ils sont à l'école - qui était jusqu'à récemment au moins un lieu où l'on pouvait échapper à ses vieux !
 
Or, on le sait, tout ce qui est écrit sur Internet reste inscrit de façon indélébile dans la mémoire de Google (incontournable dans l'EN). Ce qui signifie, comme l'explique l'article du Canard enchaîné, que tout le parcours scolaire de leurs futurs employés sera accessibles aux patrons. Plus de droit à l'oubli ! Le flicage sera généralisé, du berceau à la tombe, dans tous les détails de la vie de chacun.
Espérons que d'ici à ce que ces bambins soient en âge de bosser, on ait développé des formes de solidarité qui nous rendent moins dépendants d'un salaire pour survivre, car si les élèves doivent marcher au pas pour qu'un éventuel employeur leur accorde plus tard un CDD à temps partiel payé des nèfles, ou un mini-job à l'allemande ( voir le numéro de ce mois-ci du Monde diplomatique sur "L'enfer du miracle allemand" )* , autant ne pas trop se décarcasser.
Sœur Olympe
* Cet article sera envoyé aux moinillons qui le veulent
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Article du Canard du 30 8 2017

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