Bille en tête...

Bille en tête...

Je suis allé avant-hier à Espace Emeraude de Briec me procurer un cabochon de remorque et , à la caisse

( ces manants vous font payer : quel culot ! ) , j'ai vu en vente des sacs de billes en verre .

Je croyais que les enfants ne jouaient plus vec elles  et qu'on les avait rangées dans les accessoires d'un

autre temps et que les écoliers ne se divertissaient dans la cour de récréation qu'avec des smartphones et 

des pokémon .

Or , il semblerait bien que les billes n'ont pas disparu ( apparemment , car je me suis renseigné , avide que

je suis de connaissances pour briller en société ) , contrairement aux osselets .

Et cela m'a rappelé des souvenirs  de l'école Saint Corentin de Quimper où je passai cinq années , de la 11è

à la 7è comme on disait alors , l'école saint Corentin car mes parents ne m'auraient certainement pas placé à

l'école du diable , il ne faut quand même pas exagérer , nous avions le respect des valeurs chrétiennes ,

l'école saint Corentin où les chers Frères nous encadraient , dans un magnifique envol de soutane les jours

de grand vent  , l'ecole saint Corentin où nous jouions aux billes : des parties acharnées , puissantes , pas-

sionnantes .

Chaque bille avait sa valeur : les plus humbles étaient en terre , les plus élaborées en verre , et la Rolls d'en-

tre elles , le " calot " en acier, de différentes tailles . Les billes s'échangeaient selon un code intangible , quel-

que chose comme une bille en verre = cinq billes en terre , un calot = 10 billes en verre etc.

Pour tenir son rang dans la cour de récration, il convenait , bille en tête , de toucher sa bille .

Nous étions à la fin des années cinquante, et nous ignorions que nous ferions un jour partie de ces bientôt vieil-

lards nostalgiques de leur prime jeunesse .

Prof De Guermont