O tempora, o mores
O tempora, o mores
Afin d'élever vos âmes et de les sortir de la fange dans laquelle elles se vautrent , voici quelques
pensées de haute volée .
Je ne sais pas si vous êtes comme moi , mais j'ai toujours beaucoup de mal à comprendre ces his-
toires de changement d'heure qu'on nous impose deux fois par an : : faut-il avancer sa montre , la
reculer ? Plus j'avance plus tu recules , comment veux-tu , comment veux-tu etc . ?
Alors que certains comprennent cette manipulation de manière instinctive, je n'y arrive pas , de tou-
te évidence parce que mon rapport au temps relève davantage de Kairos que de Chronos , autrement
dit - mais vous l'avez évidemment compris - du temps qualitatif et non quantitatif .
Si je dis cela, ce n'est pas pour faire mon intéressant et vous prouver encore une fois que je suis quel-
qu'un de cultivé ( bon : si , un peu , quand même, soyons francs ) mais pour expliquer que si on a par-
fois du mal à comprendre des choses qui semblent tellement évidentes cela est souvent dû non à u-
ne faiblesse de son quotient intellectuel ( en un mot , une insondable connerie ) mais à une relation
différente aux réalités . Mon rapport au temps me semble donc relever davantage du ressenti et de
la métaphysique en quelque sorte ( kairos ) que de la mesure ( chronos ) , ce qui m'empêche de con-
ceptualiser de manière aisée ce passage de l'heure d'hiver à l'heure d'été et vice-versa , car une
heure en plus ou une heure en moins ne signifient pas pour moi soixante minutes " gagnées " ou " per-
dues " dans un sens ou dans un autre .
Autre pensée de haut niveau : la tempête a fait beaucoup de dégâts autour de chez moi ; arbres arra-
chés , souches en l'air surplombant d'invraisemblables cratères faisant penser à Verdun , branches
partout ... J'arrange comme je peux petit à petit ( c'est long , très physique , et je n'ai plus vingt ans
nom d'en parler à différentes personnes . Et il est consternant d'entendre pratiquement toujours les
mêmes réactions : " Ta maison a souffert de la tempête ? " " Non , j'ai seulement trois petites ardoises
de rive qui ont été pulvérisées " . " Ah bien , ça va alors ! "
Bande de sinistres crétins : j'aurais préféré que le toit de ma maison ait été pulvérisé par les arbres
qui sont tombés juste à côté ; les assurances sont là pour cela . Tandis que des arbres, beaux et tor-
dus dans tous les sens comme un vieillard abîmé par le temps mais toujours debout , qu'on retrouve
enchevêtrés les uns dans les autres , en voilà un crève-coeur , gros abrutis .
Entendu sur France-Inter ce matin ( je n'écoute pratiquement plus RBO : ils sont franchement mau-
vais et se prétendent Bretons alors qu'ils pensent comme des journaleux bien francaouis ) , cette
phrase de Churchill dont le texte originel est : " I am fond of pigs . Dogs look up to us . Cats look
down to us . Pigs treat us as equals . " et qui a été traduit par quelque chose comme : " J'aime les
cochons . Les chiens nous regardent avec dévotion , les chats avec dédain , les cochons d'égal à
égal . " DSK , ce vieux lubrique spécialiste en cochoncetés , nous regardaient donc d'égal à égal .
Encore aurait-il fallu que nous le sussions !
Je suis très déçu par la tournure que prend cette campagne électorale : on nous parle des emplois
fictifs de Fillon et de ses casseroles , du manque de stature présidentiable de Hamon , des démê-
lés de la mère le Pen avec la justice , des rapports de Macron avec le monde de la finance ...
Et le cul , merde ? Tout est dit pour déconsidérer ses adversaires politiques , mais je n'entends rien
au sujet de leurs petites turpitudes bien répugnantes . Ce ne serait quand même pas difficile d'ajou-
ter une casserole supplémentaire à Fillon en disant qu'il a eu des aventures torrides avec la mère
Merkel ( il en est bien capable car c'est un pervers ) , de déconsidérer Hamon en révélant qu'il a
une maîtresse qui s'appelle Barbara ( souviens-toi , il pleuvait sur Brest ce jour-là ) , de clouer la
mère le Pen au pilori médiatique en révélant qu'elle donne dans le saphisme le plus inconvenant
( lesbien raisonnable , ) avec sa domestique maghrébine et de ruiner la réputation de Macron en
disant qu'il se sert de Richard Ferrand comme un mignon de Louis XIII , si vous voyez ce que je
veux dire ...
Il suffirait de dire n'importe quoi ( plus c'est gros et mieux ça passe comme me le disait récemment
un ami prêtre pédophile ) sur ces présidentiables , sans oublier de mentionner la zoophilie par exem-
ple ou , pourquoi pas , la nécrophilie , c'erst pas mal non plus ) : on ferait monter la mayonnaise
et cela éclaboussertait pas mal . Que n'y pense-t-on pas ? Que n'utilise-t-on pas ce thème qui
marche toujours des histoires de fesses surtout quand elles sont bien graveleuses ?
Et régler sa montre ? Rien à foutre , puisque , et je me répète , certains sont plutôt kairos que chro-
nos ; de plus , cela se fait tout seul apparemment ( exemple : mon ordinateur avec lequel je com-
pose mon texte à votre profit , même si vous ne le méritez point : je ne lui ai rien demandé et il
affiche désormais l'heure officielle . Elle n'est pas belle, la vie ? )
A bientôt ,
Prof De Guermont