Magazines et illustrés autorisés par l 'Eglise
Bonjour , mon bon moine frigorifié ,
Je suppose que tu as été transformé en statue de glace depuis quelques jours et que tu
dois attendre l'enfer pour pouvoir te réchauffer un peu .
Patience, mon fils : ta réputation notoire de moinillon débauché n'est pas surfaite, et un
séjour éternel dans les flammes purificatrices t'est assuré .
J'ai lu avec attention les extraits de La semaine religieuse du diocèse de Saint-Brieuc et de
Tréguier ( numéro du vendredi 13 août 1920 ) .
Cela m'a rappelé les lectures convenables de mon enfance , moi qui suis issu d'une famil-
le très catho et bien-pensante ; seules des productions comme Coeurs vaillants , Bayard
( pour les garçons ) , Ames vaillantes , La semaine de Suzette ( pour les filles ) , surtout
éditées par la Bonne Presse , trouvaient grâce aux yeux de mes parents .
( Notons quand même que des illustrés comme Bayard et Coeurs vaillants étaient de très
haute qualité surtout pour ce qui concerne les dessins . )
Mais je voulais apporter ici une grande réserve pour ce qui est de La semaine de Suzette .
Il s'agissait en fait d'une revue destinée à pervertir la jeunesse sans que les parents , ber-
nés par le titre , ne le sussent . En effet , le titre , particulièrement pervers , doit être
lu comme La semaine de sucettes , soit une incitation à la débauche la plus effrénée .
Les autorités religieuses de l'époque furent donc également complètement bernées car
elles croyaient en toute bonne fois que cet illustré pouvait contribuer à l'édification mo-
rale des petites filles alors qu'il ne faisait qu'ouvrir la porte au stupre par des allusions
subliminales diaboliques . Il suffit de voir les titres d'histoires apparemment anodines
mais cachant des messages de dépravation comme " Les pipes de mon grand-père ,
grand fumeur " , " La Fée Lation et les lutins de Traon an Dour " , " Au feu les pompiers " ,
" Turlutte utu chapeau pointu " ...
Et c'est dans cet esprit de total dévergondage que Serge Gainsboug , qui avait été édu-
qué par les bons Pères , avait imaginé sa chanson " Annie aime les sucettes " que tout
le monde avait considérée bien naïvement comme quelque chose d'innofensif .
Soyons donc vigilants et gardons-nous du péché pour que s'applique à notre jeunesse cet-
te parole de l'apôtre :
" Je vous écris jeunes gens , parce que vous avez vaincu le Malin " ( Première Epître de
Saint Jean , chapitre 2, verset 13 )
Amen ,
Frère de Guermont , garant de la piété