Pacotilles ? ( 3)

Pacotilles ? ( 3)

Qu'une chose soit très claire : je suis, comme je l'ai toujours été, pour que les réfugiés, qu'ils le soient pour des raisons politiques (persécutions, guerre) ou économiques, bénéficient d' un accueil digne dans tout pays où les choses vont moins mal que dans le leur. Le même devoir d'accueil s'applique aussi à mon sens à toute personne qui le souhaite, même si elle n'a aucune raison vitale de quitter son pays.

 Cette position étant éclaircie, je souhaite parler de choses lues dans une certaine presse bien pensante , et qui font preuve soit d'une naïveté qui confine à la bêtise, soit d'une tendance à la manipulation.

Première grosse ficelle : Angela Merkel , qui a montré dans son traitement de la Grèce et de la misère des Grecs à quel point elle avait du coeur, passe maintenant pour l'incarnation de l'esprit des Lumières et de l'Humanisme européens auprès de journalistes français babas devant son discours "sans faute"et sa dignité quand elle exhorte l'Europe à accueillir les réfugiés, en montrant l'exemple - l'Allemagne se dit prête à accueillir au moins 800 000 réfugiés. S'il est absolument vrai que la France est ridiculement mesquine, et son gouvernement indigne car pétant de trouille devant la lepénisation réussie des esprits, en disant qu'elle va en accueillir seulement 24 000 en deux ans, il ne faudrait pas se tromper sur la Merkel : ce qui la pousse à ouvrir les bras aux nouveaux venus, c'est bien la nécessité dans laquelle se trouve l'Allemagne de trouver de la main d’œuvre pour payer les retraites dans un pays vieillissant - et les patrons se frottent les mains devant toute cette main d'oeuvre qui arrive , qu'ils veulent "bon marché". 

Par ailleurs, on peut lire ces jours-ci que 77 000 logements HLM seraient disponibles pour accueillir les migrants. Diantre ! Pour avoir fait du bénévolat récemment dans une association qui s'occupe de migrants, je peux témoigner du fait que les bénévoles passent des heures entières au téléphone avec le samu social, dans l'espoir de dégoter un lit... pour la nuit suivante. C'est une victoire inespérée lorsqu'on réussit à obtenir une semaine dans un centre d'hébergement pour une famille avec enfants. Trop souvent, ces migrants se retrouvent à dormir dehors, y compris avec des bébés, y compris en plein hiver. Dire qu'il y a des places est mensonger, et donne des arguments à ceux qui veulent que la France affiche "complet" : ils auront beau jeu de dire : "Il n'y a pas de place pour les accueillir décemment ! " , puisque c'est le cas. Il serait plus honnête de dire que puisque nous devons les accueillir, il va falloir montrer un peu plus de hargne dans notre solidarité pour enfin obtenir d'occuper les bâtiments vides ! Mais un doute s'insinue soudain dans mon esprit: s'il est avéré qu'il existe autant de logements vides, serait-ce parce que la vie de certaines personnes ne vaut pas autant que celle d'autres personnes ? Les "réfugiés" - mot qui auréole immédiatement ces personnes fuyant l'horreur, alors que les "migrants" pouvaient pt'être bien rester chez eux - auraient donc plus de mérite que les traîne-savattes qui viennent chez nous alors qu'ils ne sont pas estampillés "cibles de Daesh" ? Et il va sans dire qu'il se trouve parmi les gens à la rue des personnes qui n'ont même pas eu besoin de venir d'ailleurs ... Il y a décidément quelque chose de pourri au "royaume" de France .

Enfin, un autre argument lu tel quel : "Nous pouvons les accueillir car les structures sont en place dans l'Education nationale". Il est évident que l'auteur de cet article n'a pas mis les pieds dans une école depuis très longtemps. Un ami qui enseigne dans le primaire me le confirme : les classes qui existaient pour accueillir les élèves allophones, enfants de migrants ne parlant pas français, sont en train de disparaître, et ces enfants sont mis directement dans des classes déjà surchargées et à plusieurs niveaux, à suivre des cours auxquels ils ne comprennent rien. Ce n'est pas avec les moyens humains et financiers  insuffisants qui sont les nôtres dans l'Education que ça va s'améliorer. Là encore, les partisans du "On est complet" peuvent dire que la vérité est que nous ne pouvons pas les accueillir décemment dans les classes, puisque c'est le cas. Il serait plus honnête de dire que puisque nous devons et voulons accueillir des réfugiés, il va falloir forcer d'une manière ou d'une autre nos pleutres de politiciens à aller chercher l'argent là où il est, de façon à offrir des conditions de scolarisation dignes ( et pour tous ) , avec cours de français dès l'arrivée.

Mais pourquoi faudrait-il accueillir tout "réfugié" qui se présente, inconditionnellement ? Pour payer notre dette, et ainsi tenter d'échapper à notre culpabilité, étant donné que les pays qui ont déclenché des guerres chez eux comptent parmi eux des membres de l'Union européenne ? Piètre raison, et à laquelle on peut toujours répondre que personnellement, on était contre ces guerres, donc pourquoi payer une quelconque dette maintenant ?

Qu'on ait ou pas participé aux bombardements dans leur pays, qu'on ait ou pas pour l'instant les structures dans l'Education nationale, et des hébergements disponibles, pour accueillir des réfugiés, ce ne sont pas des critères ; l'accueil de personnes cherchant à fuir une misère noire, des persécutions, une mort certaine, va de soi, et ne devrait même pas soulever de questions : c'est une évidence, parce que chaque être humain compte - et pas seulement un enfant de trois ans noyé (euh... avouerai-je que la vie d'un égorgeur de Daesh, par exemple, compte quand même nettement moins à mes yeux ? Ou cela me barre-t-il la route de la canonisation ? ) . C'est une évidence, car si on ne le fait pas, on ajoute à la laideur du monde, qui nous enveloppera tous tôt ou tard. Et c'est une évidence, car si je dois un jour fuir ce pays, j'espère qu' on m' accueillera ailleurs. Aux politiciens d' avoir enfin le courage de prendre l'argent là où il est (on les y aide un peu ?! ) , car de l' argent , il y en a ... Suivez mon regard qui se dirige , au hasard , au plus près de nous : Locarn .

Et ce n'est qu'un exemple.

 Sœur Olympe