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Autour de Pont-Melvez
26 mai 2014

Un biniou dégonflé ? (3)

Un biniou dégonflé ? (3)

Une réaction à l'article du Télégramme

Texte trouvé sur le site du GRIB, notre bonne prof a encore du boulot si elle veut y répondre...

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COMMENT ON RÉÉCRIT L’HISTOIRE

À la suite de la protestation d’une douzaine d’associations contre l’attribution du nom de Paul (dit Polig) Monjarret à un collège et des rues de Bretagne, un professeur d’histoire a adressé un communiqué au journal Le Télégramme pour nier les faits au nom… de la « réunification » et du régionalisme — ce qui montre bien que les enjeux ne sont pas historiques (car les informations sur Monjarret sont depuis longtemps disponibles en ligne) mais politiques.

Son communiqué est parfaitement représentatif de la réécriture de l’histoire désormais constante en Bretagne. Sont placées en gras les affirmations particulièrement inexactes. 

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Polémique. Qui était Polig Monjarret ?

26 mai 2014


Dans un communiqué, Isabelle Chottard, professeur d’histoire et élue guingampaise, revient sur « la polémique actuelle concernant Polig Monjarret » (lire Le Télégramme du 21 mai). Elle a participé « au choix de donner le nom d’une rue à Guingamp au grand militant de la culture bretonne Polig Monjarret ». Cette rue doit se situer dans le nouveau quartier de Gourland. Pour elle, cette polémique « est très liée au contexte actuel. Nous sommes en pleine discussion sur la réforme territoriale et la réunification de la Bretagne va peut-être se faire. Cela déclenche un combat d’autant plus acharné de ceux qui sont contre la réunification et toute forme de régionalisme », analyse-t-elle.

« Inquiété par la Gestapo » 

Elle dénonce leur stratégie pour « dénigrer et calomnier tout membre du mouvement culturel ou politique breton pour associer au régionalisme les pires horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, c’est Polig Monjarret qui est la cible. Les faits concernant Polig Monjarret plaident pour lui car non seulement il n’a pas collaboré mais il a été poursuivi par la Gestapo, arrêté et envoyé en Allemagne », poursuit-elle en évoquant les « éléments de sa biographie recueillis dans les travaux d’historiens qui ont eu accès aux Archives ». Pour Isabelle Chottard, le rôle de Polig Monjarret pendant la guerre ne peut lui être reproché : « Polig Monjarret est un des dirigeants du mouvement scout en France. Il est cadre des Éclaireurs de France dans les années 1930. En 1941, il quitte ce mouvement car Vichy lui donne une orientation très collaborationniste qu’il n’accepte pas. Il revient à Guingamp et tente d’organiser un mouvement scout breton sans autorisation allemande. Il est alors inquiété par la Gestapo. Il fait alors appel à une de ses anciennes relations membre du Parti National Breton (PB, proche des Allemands) pour être protégé d’une arrestation. En échange de la protection, il doit adhérer au PNB et vendre leur (sic) journal L’Heure Bretonne, ce qu’il fait de novembre 1942 à août 1943 où il démissionne car les événements qu’il a vécus en août à Landivisiau le choquent (…). Il démissionne et perd donc la protection du PNB. Le 4 juin 1944, lors d’une représentation au théâtre de Vannes il prend la parole et tient des propos anti-Vichy et anti-Allemands ».

« Jugé non coupable » 

« Recherché par la Gestapo, il se cache chez sa belle-mère à Saint-Brieuc. Il est retrouvé par la Gestapo, arrêté et envoyé en Allemagne. À la Libération, il revient en France où il apprend qu’il est recherché par la police…française. Il se rend spontanément à la gendarmerie. Il est arrêté comme toutes les personnes qui ont appartenu au PNB. L’instruction dure trois mois. Il est traduit devant la Chambre civique pour être jugé en octobre 1945. Le dossier est vide et de nombreuses personnes témoignent en sa faveur notamment le chef de la résistance de Guingamp. Polig Monjarret est jugé non coupable des faits qui lui sont reprochés ». Pour Isabelle Chottard, Polig Monjarret mérite bien sa rue à Guingamp. « Je ne reviendrai pas sur l’ampleur de l’engagement de Polig Monjarret et sur ce qu’il a fait pour la culture et la musique bretonnes. Ce sont des faits connus », conclut-elle.

Ce communiqué est intéressant car il montre comment la légende orchestrée par Monjarret et légitimée par les autonomistes est devenue objet de foi. Tous les faits sont travestis de manière à légitimer les actions d’un militant nationaliste naturellement collaborateur des nazis. 

Les réponses à ces allégations se trouvent en ligne : ce professeur d’histoire qui avoue n’avoir jamais consulté le dossier Monjarret aux archives départementales (et va jusqu’à écrire qu’il est vide !) est donc certain que ce bon petit scout a été arrêté par la Gestapo…

Rappelons en bref quelques faits : 

— Monjarret n’était pas un inoffensif petit scout mais, dès 1940, un cadre d’une organisation pétainiste visant à former les cadres de la jeunesse fasciste.

— S’il a quitté cette organisation, ça n’était pas du tout parce qu’il blâmait ce que ce professeur appelle son « orientation collaborationniste » mais, bien au contraire, parce qu’il la trouvait insuffisamment nazie. 

— Voir à ce sujet son article du 2 mai 1943 dans L’Heure bretonne où il écrit que les organisations de jeunesse françaises sont  indignes des « jeunesses organisées, donc fortes, de pays comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Roumanie, la Finlande. »

— Il n’a pas fait que distribuer le journal pronazi L’Heure bretonne : il y a écrit.

— Il avait fondé BAS (Bodadeg ar sonerion, l’Assemblée des sonneurs), clique du PNB.

— Il  a été l’un des chefs des Bagadou Stourm (ou Groupes de combat, plus tard rebaptisés Strolladou Stourm pour « faire SS », d’après Yann Goulet, leur chef, condamné à mort à la Libération).

— Il est faux qu’il ait quitté le PNB en août 43 : en novembre 1943 encore, il se bat en tête des Bagadoù Stourm à Saint-Brieuc. Grâce au PNB, les Allemands lui avaient permis de  se soustraire au STO pour continuer ses actions de propagande autonomiste. 

— Le pseudo discours résistant de Vannes qui aurait été à l’origine d’une pseudo arrestation par la Gestapo est évidemment une fable : Monjarret est parti en Autriche avec son beau-frère et leurs épouses, qui ont obtenu des autorités allemandes les papiers nécessaires pour pouvoir les suivre.

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La messe est dite !

Parole de moine

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